02 avril 2008

Usines de fabrication des jouets : un triste constat

Si la sécurité des jouets est encadrée par la législation européenne et française, il en va tout autrement du volet social des conditions de fabrication ; un sujet sensible pour lequel la communication des marques est quasiment inexistante.Les conditions de fabrication dans les usines de production de jouets tout particulièrement en Asie ont, depuis de nombreuses années, été pointées du doigt par les ONG. Les principaux problèmes soulevés par les audits menés par les ONG portent sur :- les conditions d'hygiène et de sécurité- le respect du salaire légal minimum et le paiement des heures supplémentaires- le temps de travail et les jours de congé- le travail forcé- le travail des enfants

Après les ONG, les associations de consommateurs commencent à s’intéresser aux conditions sociales de fabrication des produits. L’UFC-Que choisir a publié, dans son numéro du mois de décembre, une enquête édifiante sur les sous-traitants des grandes marques de jouets comme Hasbro, Mattel, Bandai, Disney, MGA entertainment et Lego, dont les fournisseurs se situent majoritairement en Chine, dans la région de Canton –excepté la marque Lego, qui produit essentiellement en Europe. Non seulement les fournisseurs n’appliquent pas les politiques énoncées au niveau du groupe, mais bon nombre d'entre eux ne sont même pas en conformité avec les normes édictées par l’Organisation Internationale du Travail.

Chez Disney, l’enquête révèle que le nombre d’heures supplémentaires s’élève à 214 heures par mois avec une rémunération plus faible que celle de la réglementation, alors que la législation fixe leur quota à 36 heures par mois. L’entreprise impose jusqu'à 31 heures de travail d'affilée en période de pointe. L'usine d'Hasbro rémunère ses travailleurs à la pièce, en dessous du salaire minimum légal. Le jour de repos par semaine prévu par la législation sociale est rarement respecté. Enfin, aucune entreprise ne paie ses employés au-delà de ce que la réglementation impose, alors qu’elles prétendent leur garantir un salaire décent. Un seul fabricant apparaît plus socialement responsable : l’entreprise Lego. Elle fabrique la quasi totalité de ses jouets en Europe et fait exception avec un fournisseur chinois plus respectueux de la santé des travailleurs.

Mattel a adopté son propre code en 2001. Celui-ci est censé être appliqué par toute personne et entité qui fabrique, assemble ou distribue un produit portant le logo Mattel. Le code Mattel fixe à 16 ans l’âge minimum d’admission à l’emploi, prescrit des normes afin de garantir que les employés bénéficient sur leur lieu de travail, y compris en dehors des heures de travail lorsqu’ils dorment et mangent sur place, de conditions humaines acceptables, respectant leur santé et leur sécurité. Leurs droits à l’information, à la formation professionnelle, à la relation de travail établie, à la non-discrimination et au travail librement consenti et exercé sans contrainte physique ou mentale sont évoqués. Cependant, le code Mattel, tout comme celui du ICTI n’inscrive pas de préoccupation plus large, à l’instar de ce que proposent les principes directeurs de l’OCDE. Cependant, Mattel a fait l’objet de plusieurs campagnes de l'association Réseau-Solidarité pour le respect des droits de l'homme chez ses sous-traitants, en Chine mais aussi au Mexique.

Un rapport accablant, publié en octobre 2001 par le Hong-Kong Christian Industrial Comitee (HKCIC), sur différentes usines de jouets en Chine dénonçait également le non respect des normes internationales du travail édictées par l'OIT - 15 heures de travail par jour, des revenus très bas, des problèmes d'hygiène et de sécurité, le non respect du droit syndical, des pénalités injustes…Ce rapport mettait en cause Mattel, mais aussi Hasbro, Disney et Mac Donald's.

Le Comité attire aussi l'attention sur le fait que les codes de conduite sont très peu connus des ouvriers. Ainsi, en juin 2001, Disney a reçu, sans doute suite à cette étude, le prix du "Sweatshop Retailer of the Year " qui récompense la multinationale dont les ateliers ont la main d'oeuvre la plus exploitée. En 1997, Disney s'était pourtant doté d'un code de conduite. Le code de Disney exige des fabricants de respecter les droits fondamentaux des ouvriers. Pour la pratique, il existe un dispositif d'audits dans les usines des sous-traitants qui aboutit à la rupture du contrat si rien ne change. Pourtant, malgré cette mesure, les choses ne changent pas et les ouvriers se retrouvent au chômage si l'usine n'a pas d'autres contrats.

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