En 2008, 4 746 bandes dessinées ont été publiées sur le territoire francophone européen, soit une augmentation (pour la 13ème année consécutive) de 10% par rapport à 2007. La BD a ainsi représenté 7,9% de la production globale de livres (60 000 livres, tous genres confondus) et 6,5% du chiffre d'affaires de l'édition. Le chiffre d’affaires de la bande dessinée francophone est estimé à 320 millions d’euros par Ipsos et Livres Hebdo.
Seconde preuve : le 36e Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême a compté 225 000 entrées, un record !
Le secteur de la BD développe de plus en plus ses activités dérivées, sources de revenus supplémentaires : cinéma, télévision, jeux vidéo, Internet, le numérique. Panini a ainsi passé un accord avec la Warner Bros pour adapter leurs cartoons en albums. Delcourt a acquis une participation majoritaire dans le capital de la société RG Square (spécialisée dans les films et séries d’animation japonaise). Glénat s’est associée à EuropaCorp, pour créer Europa Glénat qui gérera les droits d’adaptation audiovisuelle des bandes dessinées. Les éditeurs renforcent plus que jamais leur politique de marques.
Les titres se multiplient et les cibles sont de plus en plus diversifiées. Les séries ont continué à se placer parmi les meilleures ventes, notamment les 95 qui ont bénéficié d'énormes mises en place. Les 4 principaux lectorats sont :
- celui des séries asiatiques (40,45% des nouveautés ) qui connaît une stagnation
- celui des albums franco-belges (43,07%) qui progresse
- celui des comics américains (6,68% )
- celui des romans graphiques (9,83% )
À ces nouveaux albums, il faut ajouter les rééditions (17,3% de l’ensemble des parutions bandes dessinées), les Art books et recueils d'illustrations (soit 5,71% de l’ensemble des parutions bandes dessinées), les essais (soit 1,31% de l’ensemble des parutions de bandes dessinées).
Les romans graphiques représentent près de 10 % de la production globale, grâce au nombre croissant d’adaptations d’œuvres littéraires en bandes dessinées ((154 nouveautés en 2008 et les nouvelles collections "Rivages/Casterman/Noir" ou "Cherche Futurs" ).
Tous les genres ont progressé :
- l’humour (27,74% du secteur)
- l’Histoire (15,63% du secteur)
- les thrillers et autres polars (14,89% du secteur)
- le fantastique (soit 14,05% du secteur)
- les ouvrages destinés aux plus petits (soit 9,11% du secteur)
265 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2008 mais 15 groupes assurent à eux seuls 70% de la production. Le leader, Média Participations, qui regroupe les filiales Dargaud, Kana, Le Lombard, Dupuis, Blake et Mortimer, Lucky Comics, Le Caméléon et Fleurus, assure 13,21% de la production. Deuxième groupe d’édition en termes de chiffre d’affaires, Glénat publie sous son propre nom ou sous celui de ses filiales, Glénat Mangas, Caravelle, Vents d'Ouest et Drugstore 8,01% des parutions. En troisième ou quatrième position, on trouve les éditions Delcourt (10,09% de la production) qui rivalise avec Flammarion (6,8% de la production), qui rassemble Casterman, Fluide Glacial, Jungle et Librio. Ils sont suivis de près par MC Productions (Soleil, Quadrant Solaire, Soleil Manga, Fusion Comics et Iku Comics) qui représente 7,31% de la production. Trois autres groupes se distinguent dans ce secteur. Hachette Livres représente 3,62% de la production et publie sous son propre nom ainsi que sous ceux de ses filiales Pika, M6, Lambert, Disney Hachette et les éditions Albert René récemment rachetées. La production de Panini se monte à 5,88% et Bamboo est toujours en forte croissance (2,72% de la production). Face aux plus puissants éditeurs, la "petite" édition progresse elle aussi encore fortement en 2008, totalisant 26,06% du secteur.
Les plus gros tirages en 2008 (hors mangas)
- Titeuf de Zep (1 832 000 ex.)
- Blake et Mortimer de Yves Sente et André Juillard (600 000 ex.)
- Lucky Luke de Laurent Gerra et Achdé (535 000 ex.)
- Largo Winch de Jean Van Hamme et Philippe Francq (490 000 ex.)
- Le Chat de Geluck (320 000 ex.)
- Thorgal de Sente et Rosinski (300 000 ex.)
- Lanfeust Des Étoiles de Christophe Arleston et Didier Tarquin (300 000 ex.)
- Cédric de Raoul Cauvin et Laudec (273 000 ex.)
- XIII Mystery de Xavier Dorison et Ralph Meyer (253 000 ex.)
- Les Profs d’Erroc et Pica ou Les Bidochon de Christian Binet (200 000 ex.)
38,94% de la production annuelle ont été mis en place entre septembre et décembre, ce qui confirme la forte saisonnalité du marché.
Quels enjeux et quelles perspectives ?
A suivre le développement marqué de la bande dessinée à destination des filles ! D’après une étude du Centre National du Livre sur les collégiens et lycéens en 2007, 45% des filles (pour 27% des garçons) ne lisent jamais ou presque jamais de bandes dessinées : cela risque de changer avec les 68 nouveaux produits destinés au public féminin parus en 2008.
Au Japon, la bande dessinée sur téléphone mobile et l’usage numérique de la BD sont entrés dans une phase industrielle. On voit désormais apparaître les premières applications en direction des nouveaux supports technologiques en Europe et nous n'en sommes qu'au début... Toutefois, les éditions Dupuis et Anuman Interactive ont annoncé la sortie d’un tome exceptionnel dédié à Spirou et Fantasio sur iPhone et iPod Touch : Le groom vert‐de‐gris. La série best-seller de Didier Crisse, Atalante, est également disponible sur iPhone et iPod Touch. Les éditions Soleil et Ave!Comics ont conçu une application unique permettant de collectionner l’intégralité de la série BD. MobiLire, le groupement des Librairies spécialisées en Bande Dessinée et l'éditeur Soleil ont annoncé le lancement simultané papier-numérique de la BD Lanfeust Odyssey tome 1, L'énigme Or-Azur sur iPhone et iPod Touch. Casterman a également lancé son application iPhone afin d'opérer des synergies entre les mobile et le papier. On trouve sur cette application des BD de Casterman, de Fluide Glacial et de Soleil.
La vente des produits culturels sur Internet a continué de progresser : une opportunité à saisir au moment où la grande distribution connaît une forte baisse des ventes de ces produits. Cependant, les sites de e-commerce et la grande distribution se rabattent sur les valeurs sûres, accompagnées de campagnes de communication et d'exploitation dérivée.
Ils n’ont que peu de curiosité pour des domaines qui ne sont pas, a priori, proches de leurs préoccupations : l’heure n’est donc pas à l’expérimentation et à la prise de risque, surtout en ces temps incertains, économiquement parlant…L’augmentation continuelle du nombre de sorties et la segmentation de l’offre permettent de continuer à recruter davantage de lecteurs et de conquérir de nouveaux marchés.
La plupart des éditeurs continuent d’explorer de nouveaux territoires ou niches éditoriales mais les lecteurs sont peu intéressés par les thèmes qui n'abordent pas des aspects de leur vie quotidienne ou préoccupations.
© Gilles Ratier, secrétaire général de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée)
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