L’industrie du livre électronique reste un secteur en marge de l’édition papier. Quels sont les freins à son développement ? Est il en train de révolutionner le monde de l'édition traditionnelle ainsi que les habitudes de lecture ?
Les chiffres de l'industrie de l'e-book montrent des signes encourageants de croissance. Elle répond aux attentes des consommateurs mais les obstacles à l'adoption de l'e-book restent nombreux, tels que les problèmes techniques ou la sécurisation des fichiers. Le marché américain est aujourd'hui le plus dynamique (3,25 millions de dollars au premier trimestre 2004). Les ventes de livres électroniques en volume affichent déjà une hausse de 46 % sur un an au premier trimestre 2004.
Plus de dix ans après l'invention du concept, l'e-book semble avoir enfin rencontré son lectorat. Tout a commencé en 1997 avec la création aux Etats-Unis de deux start-ups spécialisées dans la vente de livres électroniques, Rocket eBook et Softbook, rachetées ensuite par Gemstar. Deux acteurs majeurs de l'édition de logiciels, Microsoft et Adobe, sont entrés sur le marché de l'e-book. Leurs logiciels de lecture électronique sont aujourd'hui les deux principaux formats utilisés pour le téléchargement et la lecture de fichiers numériques d'ouvrages, mais uniquement sur poste fixe. Or, selon une étude récente d'Open eBook, la mobilité est la première motivation d'achat d'un livre électronique.
La société américaine eReader, qui propose aux utilisateurs de PDA d'accéder à des contenus lisibles sur leur assistant, s'est rapidement imposée sur le marché du livre électronique aux Etats-Unis. Le taux de pénétration des PDA outre-Atlantique est même aujourd'hui le principal frein à l'adoption de l'e-book.
Sur les nombreuses sociétés créées pour conquérir ce marché, peu ont survécu. Le marché français de l'e-book se réduit aujourd'hui à deux principaux acteurs, Mobipocket, qui édite et commercialise son propre logiciel de lecture de contenus multimédias sur smartphones et sur PDA et Numilog, diffuseur de fichiers numériques et prestataire de services auprès des éditeurs. La vente grand public ne représente que 20 % de son chiffre d'affaires, mais elle augmente.
La disponibilité des ouvrages, le faible confort de lecture, le manque d’autonomie, de maniabilité et le poids sont les principaux freins à la croissance de l'e-book en France. En France, l'offre de livres est quasi-nulle. Par contre, la vente d'ouvrages spécialisés dans le domaine médical ou de l'éducation est la véritable niche de croissance de ce marché. La vente de chapitres connaît également un véritable succès, notamment auprès des étudiants. Mais on est encore loin des chiffres américains.
Le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), créé en 1996, mène des négociations avec les principales institutions concernées, dont le ministère de l’éducation nationale. Le combat est plus difficile à mener contre le prêt gratuit en bibliothèque car il se heurter à la gratuité de la culture pour tous. Les bibliothécaires reconnaissent le bien-fondé de la demande mais refusent que ce soit l’usager ou l’établissement qui en supporte le coût, et demandent à l’Etat de le prendre en charge.
Grâce à la mise au point de l’encre électronique, on devrait voir arriver sur le marché d’ici un an ou deux des tablettes de lectures au prix accessible et offrant le même confort de lecture que le papier imprimé, avec en prime de nombreuses fonctionnalités nouvelles : agrandissement des caractères, annotations, etc. L’édition de livres pourrait alors se trouver confrontée à une révolution de même ampleur que celle provoquée dans l’édition musicale par la généralisation du haut débit et du format MP3 : une part importante du marché papier pourrait basculer vers le téléchargement de fichiers. Ce qui affecterait la distribution et les librairies.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire